Dans leur dernier rapport, les experts du Giec ont insisté sur ce que les individus peuvent faire, à leur échelle, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, les logements représentent une part importante de celles-ci.
Le troisième volet du rapport scientifique des experts sur le climat de l'ONU (le Giec) a été publié lundi. Et il est clair: "C'est maintenant ou jamais", résume Jim Skea, coprésident du groupe ayant produit cet opus de près de 3.000 pages. Sans une réduction "rapide, radicale et le plus souvent immédiate" des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, il ne sera pas possible de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, ni même à +2°C.
Pour respecter +1,5°C, l'usage sans capture de carbone (technologie non mature à grande échelle) du charbon devrait être totalement stoppé et ceux du pétrole et du gaz réduits de 60% et 70%, respectivement, d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2019. La "quasi-totalité de la production mondiale d'électricité devant provenir de sources zéro ou bas-carbone", insiste le Giec. Au-delà de l'énergie, qui représente environ un tiers des émissions, tous les secteurs (transports, industrie agriculture, bâtiments...) doivent également entamer leur mue rapide, de la réduction de la déforestation à la rénovation énergétique des logements, en passant par l'électrification des véhicules (à condition qu'ils soient alimentés par une électricité bas carbone).
Montée en puissance des rénovations
Le rapport base son analyse sur la stratégie "Eviter, changer, améliorer": éviter des comportements très énergivores, passer à des technologies moins émettrices pour le même service, améliorer l'efficacité énergétique des technologies existantes. Le renforcement de l'efficacité énergétique des bâtiments remporte la première place pour "améliorer".
En France, le Haut conseil pour le climat rappelle que pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, il faudrait passer de 70.000 logements rénovés par an (moyenne sur la période 2012-2018) à 370.000 par an après 2022 puis 700.000 par an à partir de 2030.
Un rapport du ministère de la transition écologique intitulé "Les facteurs d’évolution des émissions de CO2 liées à l’énergie en France de 1990 à 2019" montre que corrigée des variations climatiques, la consommation d’énergie du secteur résidentiel représente 41,5 Mtep (million de tonnes équivalent pétrole) en 2019, soit 29% de la consommation nationale à usage énergétique. Les émissions de CO2 du secteur résidentiel, corrigées des variations climatiques, s’élevaient en 2019 à 55,3 Mt (millions de tonnes), soit 18% des émissions nationales dues à la combustion d’énergie. "Le chauffage représente 67% de la consommation d’énergie résidentielle en 2019, devant les usages spécifiques de l’électricité (17 %), l’eau chaude sanitaire (10 %) et la cuisson (5 %)".
Pour isoler efficacement son logement et donc faire baisser sa consommation de chauffage, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) rappelle qu'il faut bien cibler ses travaux. L'Ademe précise sur son site que les pertes de chaleur dans un logement ne proviennent pas en premier lieu des fenêtres. Les particuliers ont tout intérêt à isoler en priorité le toit qui peut représenter de 25 à 30% des pertes thermiques, et ensuite les murs (20 à 25%). Les fenêtres ne représentent ainsi que 10 à 15% des déperditions de chaleur. Il existe ainsi des leviers efficaces et que l'on peut activer rapidement pour limiter l'impact climatique des logements. Mais encore faut-il que les financements suivent pour les particuliers.
A bientôt pour un nouvel article,
David